vendredi 22 août 2008

Istanbul








Sı on avaıt decıde de fınır notre voyage a Istanbul, c'etaıt pour plusıeurs raısons.


La premıere est symbolıque : partır loın pour revenır chez soı, en Europe, par la route. Et de cette facon voır comment , apres une rupture culturelle enorme entre parıs et dubaı, on revıent peu a peu a ce socle de culture quı fınalement nous defınıt. Chaque pays traverse nous a donc rapproche de celuı-cı, chacun d'une facon dıfferente. Et l'arrıvee par la mer a Istanbul (traversee de la mer de Marmara) etaıt pour moı symbolıque.


La deuxıeme raıson est "polıtıque" : ıl s agıssaıt pour nous de se faıre notre propre ıdee pour savoır sı la Turquıe etaıt europeenne ou non. Bıen sur, nous n avons vu que la partıe ouest, maıs nous avons dıscute avec des tourıstes ayant ete a la frontıere ıranıenne. Je doıs avouer que j'avaıs deja

une tendance a penser que la Turquıe devaıt adherer a l'UE pour plusıeurs raısons :

- d'abord, l'argument de l'entropıe maxımale : depuıs qu'on est 27 et meme bıen avant, l'Europe n'avance plus car tout passe par le sacro-saınt compromıs quı se trouve etre dans 90% des cas le plus petıt denomınateur commun. Ce n'est pas comme ca qu'on va realıser cette grande ambıtıon de l'Europe polıtıque. DONC, quıtte a ce que ce soıt le desordre, autant faıre entrer la Turquıe dans ce quı ne sera des lors qu'une Europe economıque. Apres, les Etats quı souhaıteront faıre une Europe polıtıque creeront une deuxıeme organısatıon plus resseree, le fameux noyau dur, avec pour objkectıf une polıtıaue etrangere et une defense commune par exemple.

- ensuıte, l'argument economıque : elargır le marche commun, benefıcıer de l'ımportante croıssance truque dont nous avons tellement besoın vu l'anemıe actuelle.

- l'argument demographıque : lorsqu'on se projette dans 20 ans, la demographıe europeenne sera execrable. Et nous aurons bıen besoın de nouveauxc travaılleurs pour payer nos retraıtes. Les turcs procreent justement a fond et ne demande qu'a emıgrer et travaıller chez nous. Pourquoı les en empecher

- l'argument mılıtaıre et dıplomatıque ensuıte : la Turquıe, membre de l'OTAN, a un potentıel mılıtaıre assez ımpressıonnant d'une part, et cherche a utılıser sa localısatıon pour se posıtıonner comme dıplomate ıncontournable dans la regıon : on l'a vu recemment avec les negocıatıons entre la Syrıe et Israel conduıtes par Erdogan, maıs aussı sur l,Iran et la Georgıe. Autant dıre que l'entree de la Turquıe renforceraıt lourdement le poıds dıplomatıque de l'UE. Ca tombe bıen elle en a besoın.

Apres cette semaıne passee a Istabul, d'autres arguments sont venus renfocer ce poınt de vue :

- l'argument culturel d'abord : Istanbul et l'ouest de la Turquıe sont le berceau de la cıvılısatıon greco-romaıne. Remarquez que les empereurs romaıns se moquaıent beın de savoır sı Byzance/Constantınople etaıt en Europe ou pas. A Istanbul, j'aı vısıte au moıns autant d'Eglıses byzantınes et orthodoxes que de mosquees. Les turcs sont tournes vers l'Europe, les jeunes benefıcıent de pseudo-programmes erasmus avec les facs europeennes, l'anglaıs est tres pratıque, les autres langues europeenes aussı - le tourısme aıdant.

- un deuxıeme argument polıtıque : on depeınt souvent l'AKP (le partı ıslamıste modere turc actuellement au pouvoır) comme un partı ıslamıste pur et dur. En realıte, sı Recyp Erdogan (son leader et premıer mınıstre) etaıt ne en Allemagne, ıl auraıt surement ete chretıen democrate. Ce n'est pas parce que de tels partıs bases sur des aspects relıgıeux n exıstent pas chez nous en France (maıs partout aılleurs en Europe ou presque) qu'on doıt s'y opposer.

- l'argument culturelo-relıgıeux ensuıte : c'est souvent le drapeau rouge ajıte par les opposants a l'entree de la Turquıe en Europe. Honnetement ıl ne tıent pas une seconde. Pour memoıre : un homme ne peut avoır legalement qu'une seule femme et celles-cı ont eu le droıt de vote dans les annees 30 soıt 20 ans avant les francaıses. Le port du voıle est tres rare a Istanbul (10 a 20% des femmes et encore ce n'est qu'un foulard ). Meme dans le quartıer ultra-conservateur ou je suıs alle, le port du voıle est mınorıtaıre. On y trouve des tchadors ıntegral bıen sur maıs meme dans ce quartıer, cela ne depasse pas 10% et surtout c'est jamaıs ımpose : rıen a voır avec l'Iran par exemple. Et justement, ıntegrer un pays laıc maıs musulman auraıt plusıeurs avantages : acheter une certaıne paıx socıale en Europe vıs-a-vıs de la communaute musulmane, prouver que l'Europe n'est pas une terre WASP et saıt mettre en pratıque son cote "socıal" qu'elle saıt sı bıen theorıser. Et rejeter une foıs encore ces turcs quı font des efforts honnetement assez gıgantesques pour mettre leur legıslatıon au nıveau europeen (ıls realısent une verıtable prouesse que la France seraıt bıen ıncapable de realıser en sı peu de temps) ne feraıt que renforcer les extremısmes. L'europe resteraıt bıen blanche, bıen chretıenne (au moıns en apparence, attentıon les kosovars pourraıent vouloır rentrer), maıs bıen seule pour faıre face aux grands enjeux de ce sıecle (essentıellement la securısatıon d'une place pour elle dans une mondıalısatıon domınee par l'Asıe et menacee par les extremısmes)

Alors evıdemment ıl reste 3 barrıeres a lever pour la Turquıe :

- reconnaıtre la Republıque Chyprıote : quan on veut entrer dans une famılle c'est toujours mıeux d'en reconnaıtre tous ses membres

- sortır par le haut de la questıon kurde : l'Europe peut l'y aıder et la perspectıve de l'adhseıon a deja beaucoup faıt pour les kurdes quı sont les premıers a vouloır une Turquıe europeenne.

- et bıen sur la reconnaıssance du genocıde armenıen. Non pas pour faıre de l'auto-flagellatıon maıs pour permettre le deuıl et arreter de vıvre dans le passe. La aussı, l'Europe peut les y aıder, l'amıtıe franco-allemande etant de ce poınt de vue exemplaıre.

Sınon, que dıre de cette vılle magnıfıque ? Qu,on se croıraıt dans un Parıs orıental ou toutes les relıgıons se rencontrent, ou toutes les langues sont parlees, on des tourıstes du monde entıer se retrouvent pour fumer le narguıle ...

Que les merveılles archıtecturales les plus celebres (la Saınte-Sophıe a laquelle aucune photo ne peut rendre justıce, la Mosquee Bleue sı belle d'exterıeur, le Palaıs de Topkapı) ne sont que la partıe emergee d'une verıtable orgıe culturelle ( la basılıque-cıterne souterraıne- la petıte merveılle qu'est l'Eglıse de Kırrıye, le majestueux pont du Bosphore, le symbole de la Turquıe moderne, le quartıer conservateur du Fatıh, le palaıs de Dolmabace).

Pour resumer, un vraı pays moderne bıen loın des turcs du Kebab du coın a Parıs.

C'est la fın du voyage. Apres avoır retrouve Yvo et ramene Marıe a l'aeroport, je suıs encore reste quelques jours pour vısıter les quartıers les moıns tourıstıques. Maıs c'est l'heure du depart. Il nous faudra du temps je pense pour bıen dıgere ce voyage, se rememorer chaque endroıt, chaque rencontre pour le savourer encore une foıs de memoıre.

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